Togo: Entretien avec Komlan Eloi Nouwossan, Ancien Point focal d’APPRENDRE pour l’enseignement secondaire
Participation de Komlan Eloi Nouwossan au séminaire international « Enseignements-apprentissages bilingues » qui s’est tenu à Dakar (Sénégal) en juin 2022.
- Le système éducatif au Togo connaît de nombreuses évolutions positives. En tant que Point focal du programme, comment avez-vous apporté votre pierre à l’édifice ?
Le Togo s’est engagé, à travers le plan sectoriel de l’éducation (PSE) et la feuille gouvernementale 2020-2025, à assurer l’accès à tous et à toutes à une éducation de qualité en parfaite cohérence avec l’ODD4 « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ».
Aussi le pays bénéficie-t-il de l’accompagnement des partenaires et des organismes dans le cadre de l’amélioration de l’accès et de la qualité du système éducatif. En ce sens, il est à souligner l’appui de l’Agence française de développement (AFD) à travers le programme d’Appui à la professionnalisation des pratiques enseignantes et au développement de ressources (APPRENDRE) mis en œuvre par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF).
C’est dans ce contexte que, nommé à la tête de la direction de l’enseignement secondaire général (DESG), j’ai assumé de ce fait les fonctions de point focal du programme APPRENDRE pour le secondaire au Togo d’avril 2021 à juin 2023. C’est à ce titre que j’ai assuré la mise en œuvre des activités prévues pour l’enseignement secondaire général (spécifiquement le premier cycle) dans le plan de travail annuel du Togo sur la période : préparation des activités, obtention des autorisations du ministre par notes à son attention, réalisation des activités, envoi des livrables à la coordination d’APPRENDRE.
- Comment s’est organisée la liaison entre le Ministère, les équipes APPRENDRE et les participants aux ateliers ? Cela a-t-il été un défi ?
Pour la réalisation d’une activité donnée, des échanges sont faits avec les équipes d’APPRENDRE et les experts pour la stabilisation des termes de référence (TDR) en termes d’objectifs, d’attentes, de résultats et de détermination des dates.
Ensuite, le ministre est saisi par note à son attention pour l’autorisation de l’activité et les invitations des participants. Les invitations, les TDR et les informations pratiques sont ventilés vers les participants et leurs chefs hiérarchiques pour leur mise à disposition.
Pendant la tenue des ateliers, j’appuie les experts et le bureau de l’atelier pour le bon déroulement des ateliers, ceci également relève de ma responsabilité dans la mise en œuvre de la politique nationale de l’enseignement secondaire général. Par ailleurs, en tant que point focal, je contribue à l’identification des experts nationaux et je les appuie dans la réalisation de leurs taches.
A la suite des ateliers, je fais le suivi, avec les experts nationaux, de la réalisation des activités sur le terrain.
Le grand défi constituait en la planification et la coordination des diverses activités de l’ensemble des projets et de celles propres au fonctionnement de la direction. Il est à signaler que mon statut de directeur de l’enseignement secondaire général a constitué un atout déterminant dans les relations avec les divers acteurs notamment les inspecteurs et les directeurs régionaux de l’éducation.
- Quel bilan tirez-vous de votre expérience au sein d’APPRENDRE ?
Au vu de l’engouement affiché et de la satisfaction des participants aux diverses activités, et en considérant l’intérêt manifesté par les autorités du ministère pour la réalisation du PTA, je peux, sans le risque de me tromper, dire que le bilan est positif.
En effet, grâce aux activités réalisées sur le programme APPRENDRE, l’enseignement secondaire général dispose d’experts nationaux et de formateurs des enseignants sur diverses thématiques allant de la didactique à la prise en compte des volets qualité et équité dans l’élaboration des projets d’établissement, en passant par l’évaluation des apprentissages, l’accompagnement des enseignants, la démarche d’investigation en sciences expérimentales/LAMAP et le pilotage local de la qualité des apprentissages.
Ainsi, APPRENDRE vient en appui aux autres projets notamment le projet d’appui à la réforme des collèges, deuxième phase (PAREC 2) financé par l’AFD et le projet d’appui à l’amélioration de la qualité et de l’équité de l’éducation de base (PAQEEB) financé par la Banque mondiale et le partenariat mondial pour l’éducation (PME) dans le cadre de la formation des enseignants et des chefs d’établissement.
Il faut noter également que cette expérience m’a donné l’occasion de me renforcer davantage en tant qu’inspecteur de l’enseignement secondaire général et en tant que chargé de la mise en œuvre de la politique nationale de l’enseignement secondaire général.
- Quelle activité vous a particulièrement marquée ?
L’activité réalisée sur la conception d’un dispositif de pilotage local de la qualité des apprentissages au collège, m’a particulièrement marqué, en ce sens qu’elle était la toute première que j’ai organisée dans le cadre de la mise en œuvre du PTA et que son déroulement a mobilisé de différents acteurs du système, à savoir, des inspecteurs, des chefs d’établissement et des enseignants. Des rencontres d’échanges ont permis au consultant d’identifier les données produites régulièrement par le système éducatif susceptibles de renseigner sur la qualité des apprentissages dans les collèges et deux ateliers ont été organisés pour la conception du dispositif de pilotage local et la formation des formateurs.
Naturellement, pour un premier exercice en la matière, il fallait impérativement le réussir et donc cette préoccupation m’a habité jusqu’au terme de l’activité.
- Comment vous êtes-vous assuré de la dissémination des formations organisées et des outils produits par le programme ?
Comme dit plus haut, APPRENDRE permet de nourrir les formations des enseignants programmées sur les autres projets en formateurs et en modules de formations. Au-delà du cadre des activités des projets, la dissémination des formations organisées est faite au niveau des circonscriptions pédagogiques en termes de partage avec les formateurs qui n’ont pas pu bénéficier de ces formations (le nombre de participants est fixé à quarante au maximum) d’une part, et en l’expérimentation conduite sur certaines thématiques par les formateurs formés, d’autre part.
Des rapports sont élaborés et qui rendent comptent de la réalisation de ces activités. Notons que beaucoup d’activités de formation des enseignants vont intervenir d’ici 2024 dans le cadre des projets PAREC2 et PAQEEB sur l’évaluation des apprentissages, le renforcement en didactique, sur l’utilisation des ressources numériques…
- Pour vous, qu’est-ce qu’un “bon” Point focal ? Quelles recommandations feriez-vous aux Points focaux ?
Pour moi, un « bon » point focal est celui ou celle qui arrive, comme dit plus haut, à assurer la liaison entre le Ministère, les équipes APPRENDRE et les participants pour la réalisation des différentes activités programmées sur le PTA.
Ceci suppose la maitrise par le point focal du fonctionnement du système éducatif et des ministères qui en sont en charge, sa capacité à convaincre les autorités de la pertinence des activités et surtout des périodes de réalisation, une bonne intelligence avec les divers acteurs qui sont concernés.
- Comment allez-vous continuer à soutenir la montée en compétences des cadres de l’éducation du Togo ?
Mes nouvelles fonctions me permettent d’agir dans ce sens, étant donné qu’en tant Doyen de l’inspection générale de l’éducation (IGE), je suis appelé à coordonner les activités des directions d’enseignement qui sont rattachées à l’IGE et dont les responsables sont les points focaux d’APPRENDRE.
Au-delà, l’IGE est chargée de l’expertise pédagogique, disciplinaire et de l’évaluation des enseignements-apprentissages. Aussi ai-je l’opportunité d’accompagner les points focaux du primaire et du secondaire dans la réalisation des activités et de la capitalisation de toutes les actions visant l’amélioration de la qualité du système éducatif togolais.
Je saisis l’occasion pour remercier le Professeur Dodzi Komla KOKOROKO, ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat pour l’oreille attentive qu’il a eue à l’égard des activités du programme APPRENDRE. Je rends hommage à l’inspecteur Tapha ALEGBEH qui m’a précédé au poste de DESG et à monsieur Michel MONLUC, assistant en maitrise d’ouvrage du PAREC 2 pour l’élaboration du PTA du Togo. J’exprime toute ma gratitude à l’AFD, à l’AUF et à la coordination d’APPRENDRE pour tout l’appui au système éducatif togolais.