Collèges de proximité : la République centrafricaine souhaite s’inspirer du modèle ivoirien
Du 11 au 19 novembre 2023, cinq hauts fonctionnaires centrafricains se sont rendus à Abidjan :
- Casimir-Marin-Emile Yamokodet, Inspecteur Général de l’Education Nationale (IGEN) ;
- Blaise Yandji, Directeur de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) ;
- Paul-Junior N’Gazzi, Directeur des Etudes à l’ENS ;
- Monsieur Maurice Nganaboy, Directeur de la Recherche, de l’Animation Pédagogique et de Coordination des Centres Pédagogiques Régionaux à l’INRAP.
Samuel Feizounam-Ouanfio, Directeur Général de l’Institut National de Recherche et d’Animation Pédagogiques (INRAP), et Point Focal du Programme APPRENDRE en RCA, a supervisé cette mission.
Pourquoi mettre en place des collèges de proximité ?
La première rencontre a été l’occasion de comprendre le contexte et les motivations qui ont conduit le Ministère de l’Education à la mise place des collèges de proximité et au dispositif de formation des enseignants bi-valents. Lazare Golly, Point focal du programme en Côte d’Ivoire, et Raoul Koné, Conseiller Technique du Premier Ministre en matière d’éducation, ont souligné que ces initiatives ont été guidées par la volonté d’améliorer l’accès des enfants ruraux, en particulier des filles, à l’enseignement secondaire et d’améliorer leurs chances de réussite.
La création des collèges de proximité est le fruit de plusieurs travaux de recherche portant sur l’identification des besoins réels de l’éducation et des actions à entreprendre au lendemain de la crise politico-militaire de 2002. Les synthèses de ces réflexions sont rassemblées dans le Plan sectoriel de l’éducation de Côte d’Ivoire pour la période 2016-2025.
Selon Raoul Koné, la mise en œuvre efficace des collèges de proximité nécessite :
– une analyse des données démographiques de la population et non de la démographie scolaire ;
– une identification des effectifs des élèves (au moins 90 élèves dans un rayon d’au moins 5km) ;
– des gens très engagés qui partagent la même vision pour conduire le projet ;
– l’applicabilité des textes juridiques ;
– des dialogues communautaires pour favoriser l’adhésion des bénéficiaires ;
– la création d’un observatoire et d’un tableau de bord pour chaque école.
La conjugaison de ces efforts a notamment permis d’augmenter le taux de scolarisation des filles (entre 2014 et 2015, la scolarisation des filles a sensiblement augmenté de plus de 30%) ; de régler le problème d’insuffisance des enseignants du secondaire dans la partie nord du pays où la problématique de l’éducation est critique (3 enfants sur 10 vont à l’école) ; et de rationaliser la gestion des effectifs de l’Education.
Plusieurs points de vigilance
Adama Samgassi, Directeur de la Pédagogie et de la formation Continue, a souligné qu’il était capital de prendre en compte les conditions de vie des superviseurs et des enseignants déployés, notant qu’en l’absence du minimum de confort en milieu rural, nombreux d’entre eux n’envisagent pas d’y rester longtemps. Des échanges avec des enseignants bi-valents ont confirmé ces dires.
Naminata Doukoure, Cheffe de service de la formation hybride des enseignants bi-valents, a rappelé que des modules et des plans de formation ont été produits après la collecte des besoins des divers acteurs impliqués dans la formation initiale et continue des enseignants.
Adama Coulibaly, Inspecteur Général, est revenu sur l’organisation du dispositif de suivi et d’encadrement pédagogique de proximité des enseignants. Au niveau régional, la supervision des enseignants est assurée par les Antennes de la Pédagogie de la Formation Continue (APFC).
Malgré un maillage important du territoire national, les Chefs d’Antennes présents ont mis en exergue des défis qui restent à relever.
Les Chefs d’Antennes coordonnent en effet les actions des Unités Pédagogiques (UP) constituées des enseignants de la même discipline exerçant dans les différents établissements du secondaire. Ils sont aussi en charge des Conseils d’Enseignants (CE) regroupant des enseignants de la même discipline, mais exerçant dans des établissements primaires.
Selon Kouakou Amani, Coordinateur National des Antennes pédagogiques, les Chefs d’Antennes coordonnent 15 visites de classe par an au niveau primaire, 50 au niveau secondaire et au moins deux au niveau des Centres d’Apprentissage et de formation continue. Ils participent également à l’organisation des examens blancs au niveau national pour connaître le niveau des élèves.
Pierre Guey, Chef d’Antennes de la pédagogie d’Aboisso, et Marie-Chantal Coulibaly, Principale du Collège moderne de Nouamou, ont pu fournir des informations relatives au pilotage administratif et pédagogique de ce type d’école.
Quelques critères ont été listés par cette dernière :
- La localité doit regrouper au moins trois gros villages et distants dans un rayon d’au moins 5 km ;
- La localité doit disposer d’au moins quatre à six écoles à cycle complet totalisant 90 élèves ;
- Les infrastructures doivent être construites et équipées en outils numériques ;
- Une politique de logement des enseignants et du personnel administratif doit être définie ;
- Le confort des jeunes enseignants doit être garantie pour les maintenir dans la localité.
Cette mission va ainsi permettre à la délégation centrafricaine de produire une analyse de l’adaptation du modèle ivoirien aux réalités spécifiques de la République centrafricaine, en prenant en compte les diversités culturelles et géographiques ainsi que les défis logistiques auxquels le pays est confronté.