Les pays d’Afrique de l’Ouest francophones vivent un basculement technologique important. La téléphonie mobile, en particulier, affiche une croissance sans précédent, avec à la clé l’accès à Internet et ses promesses – parfois en mirage – d’une ouverture sur une autodidaxie facilitée par des contenus et des savoirs diffusés à l’échelle mondiale. Il s’agit d’un enjeu économique, culturel et informationnel. Le nombre d’abonnés continue d’être dopé par l’essor démographique, les plus jeunes ayant à cœur de disposer d’un téléphone portable personnel. Parallèlement, les ministères de l’éducation nationale, conscients des enjeux de développement par l’éducation, ont révisé profondément leurs curricula ces quinze dernières années. Dans un contexte de renouvellement de la sphère éducative et d’une imprégnation de plus en plus forte du multimédia dans le quotidien des individus, nous nous sommes interrogés sur les curricula : ont-ils pris en compte des éléments d’éducation aux médias et au numérique dans leurs programmes respectifs ? Notre étude tâche d’y répondre en portant son attention sur cinq pays subsahariens francophones : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Sénégal et le Togo. Certes, l’éducation aux médias n’apparaît pas dans les curricula en tant que telle. Mais nous avons émis l’hypothèse que dans ce basculement numérique, il pouvait exister un certain nombre de points convergents avec l’éducation aux médias et les littératies informationnelle, médiatique et numérique qu’on lui associe. Nous avons donc interrogé systématiquement les programmes d’éducation à la citoyenneté, de français, d’histoire géographie et d’informatique, quand il y en a. Cet article en présente les résultats.
Auteur : Corroy, Laurence; Apo Yanon, Géraldine