Appel à communication : Journées nationales de la recherche et de l’innovation en éducation sur le thème : « désertion des filières scientifiques »
Contexte
Dans la période post indépendance les pays africains se sont évertués à assumer leur autonomie politique et économique, en décidant de prendre leur destin en main. Dans cette perspective, les mouvements nationalistes et certains intellectuels ont lutté pour une Afrique unie et prospère. Ils ont surtout mis l’accent sur l’indépendance économique avec l’exploitation des matières premières et le développement de l’industrie.
Dès les années 70, le président Léopold Sédar Senghor lançait déjà une alerte en prônant la formation du citoyen d’abord, car disait-il, « l’homme est au début et à la fin du développement ». Pour lui, il fallait tout faire pour africaniser les cadres, c’est-à-dire «… former et préparer les cadres africains de demain ».
Pour encadrer cette autonomisation, toutes les lois d’orientation de l’époque mettaient l’accent sur une formation scientifique et technique en vue de disposer de ressources humaines de qualité, capables de conduire à bon port les destinées des jeunes nations, sans pour autant perdre de vue l’importance de l’aspect culturel.
Malheureusement, comme nos systèmes de développement sont des systèmes extravertis car ne reposant pas sur la transformation de nos matières premières disponibles, dans la mesure où nos pays ne produisent pas ce qu’ils consomment, ni ne consomment ce qu’ils produisent. Il en résulte une mauvaise adaptation de l’économie aux besoins du milieu ; ce qui se traduit par une constante récession économique.
Ainsi, croulant sous le poids de la dette croissante, nos états africains plus particulièrement le Sénégal, ont des difficultés à prendre de l’élan en s’appuyant sur leurs propres ressources humaines, obligeant ainsi moult entreprises à mettre la clé sous le paillasson. Or, il est clair que la mise en place d’un secteur industriel performant pour la transformation des matières premières, passe par la formation d’une main-d’œuvre qualifiée maitrisant les
mathématiques, les sciences et la technologie.
Cette inadaptation de nos systèmes aux réalités socioéconomiques se traduit par le faible taux
d’insertion des jeunes dans les circuits productifs. Ce qui naturellement pose, avec acuité, le problème de débouchés pour les diplômés des filières scientifiques. Est-ce à dire que les autres filières accordent plus de privilèges que les filières scientifiques ?
Enfin, convaincus du fait établi que la finalité est d’avoir des revenus conséquents dans ce monde dominé par l’argent, les apprenants ont commencé à s’orienter de plus en plus vers les autres filières. A titre d’exemple, les statistiques de 2017-2018 de la Direction de la Planification et de la Réforme en Education (DPRE), indiquent que moins de 29% des élèves de terminales sont dans les séries S (séries scientifiques) et parmi eux, moins de 1% sont en terminale S1.
Dès lors certaines questions s’imposent :
- Pour quelles raisons les apprenants, au niveau de l’enseignement général se détournent-ils des filières scientifiques :
o Est-ce à dire que les études scientifiques sont plus difficiles que les autres ?
o Tous les élèves ont-ils les mêmes chances de réussir les études scientifiques ?
o Est-ce que les autres filières offrent plus d’opportunités ou plus de débouchés mieux rémunérés ?
o Est-ce que la formation scientifique dispensée dans nos écoles est en adéquation avec nos besoins en formation professionnelle ?
- Est-ce que les pratiques enseignantes prennent en compte les besoins des élèves ?
- Comment susciter l’intérêt des élèves et mieux répondre à leurs besoins afin de leur permettre de s’engager davantage dans les filières scientifiques ? Comment mieux outiller les enseignants dans ce sens ?
- Quelles innovations pour améliorer l’enseignement des sciences ?
- Le niveau de développement économique de nos pays cadre-t-il avec la formation scientifique dispensée ?
Journées nationales sur le thème de la désertion des filières scientifiques
Cet atelier, réalisé avec l’appui du programme APPRENDRE, est un espace d’échanges entre : universitaires, professeurs d’enseignement moyen secondaire, inspecteurs de l’éducation, formateurs d’enseignants. C’est un moment de mise à plat des travaux de recherches académiques, professionnelles et des innovations émergeant de la pratique professionnelle des enseignants.
Cette rencontre se veut un cadre de réflexions d’où sortiront des recommandations pragmatiques pour informer les décideurs dans la prise de décisions majeures aptes à attirer les élèves vers les filières scientifiques.
Le Comité d’organisation des journées est composé de représentants du MEN à travers la Direction de la Formation et de la Communication (DFC), du Ministère de l’Enseignement Supérieur à travers la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation (FASTEF) et l’IREMPT, et de l’Agence universitaire de la Francophonie à Dakar.
Communications
Cet appel s’adresse aux professionnels de l’éducation : chercheurs, enseignants des facultés des sciences et techniques, formateurs d’enseignants, didacticiens des sciences, enseignants des lycées et collèges et ceux de l’élémentaire, inspecteurs de l’éducation, conseillers pédagogiques, pour un partage d’expériences.
Les communications se feront sous forme de présentation d’expériences innovantes portant sur les pratiques de classe et de comptes rendus de recherche. Elles doivent s’inscrire dans l’un des sous-thèmes suivants :
- pilotage du système pour l’orientation et le maintien dans les filières scientifiques ;
- genre et enseignement des mathématiques et des sciences ;
- innovations pédagogiques et enseignement des mathématiques et des sciences ;
- enseignement des mathématiques et des sciences en contexte bilingue ;
- interdisciplinarité dans l’enseignement des mathématiques et des sciences ;
- motivation des élèves dans l’enseignement-apprentissage des mathématiques et des
- sciences ;
- enseignement des mathématiques et des sciences et formation professionnelle.
Critères de sélection
Le choix des communications se fera sur la base de leur pertinence par rapport au thème et par rapport à leur caractère innovant. Le respect des normes méthodologiques sera aussi pris en compte.
La présentation de la communication est orale et dure 45 minutes dont 10 à 15 minutes de débats.
Les résumés des propositions de communication doivent être envoyés par courrier électronique à l’adresse : serigne.sall@ucad.edu.sn
Le fichier doit être nommé comme suit : prénoms_NOM _Institution__sous thème (numéro)
Les propositions seront examinées par un comité scientifique composé d’enseignants chercheurs, d’administrateurs, d’inspecteurs et d’enseignants du Ministère de l’Education Nationale et d’experts du programme APPRENDRE.
Prise en charge
APPRENDRE prend en charge les éventuels frais de déplacement et de séjour des personnes résidant au Sénégal dont les communications seraient sélectionnées.